J’étais donc revenu à la vie. Ça, je l’avais bien compris après ma conversation avec Jon, aucun problème. Mais j’étais complètement chamboulé, j’étais totalement perdu. Comment avais-je pu revivre ? Où est-ce que je pouvais bien avoir atterri ? Et surtout, la question qui me revenait en boucle dans la tête jusqu’à me provoquer des bourdonnements, qu’est-ce que ma mère pouvait bien faire ici ? Toutes ces interrogations m’angoissaient presque et dans mon état encore assez faible, cela n’avait absolument rien de bon. 
 
Mais ma mère était là, alors que je ne l’avais pas vue depuis des années et des années. En fait, j’avais reçu quelques lettres en cachette ou entendu des rumeurs sur le fait qu’on l’appelait la louve et qu’elle se battait en tant que cheffe pour une faction du peuple du désert. Malheureusement, c’était tout, je me souvenais à peine de son visage et du son de sa voix. Elle avait été dû fuir le Berceau lorsque mes origines ont été révélées, et elle n’a jamais osé braver sa condamnation à mort pour entrer en contact avec moi. Elle se contentait de lettres et de faire braver le danger à ses hommes de main. Puis plus rien à force que ses hommes se fassent exécuter, elle avait laissé tomber. C’est aussi pour cela que j’avais du mal à saisir pourquoi elle faisait partie du comité qui m’avait réanimé. 
 
-      Mais qu’est-ce que tu peux bien faire ici ? Avec mes compagnons, alors que je suis mort… Balançais-je d’un ton sec.
 
Elle semblait peinée, je pense que mon accueil glacial avait joué là-dedans. Peut-être qu’elle pensait que je serais plus indulgent, mais je lui en voulais quand même un peu malgré tout. Elle se décida tout de même à me répondre.
 
-      C’est tes amis qui sont venus me trouver, ils avaient un plan pour te ramener à la vie mais ma participation était obligatoire. Et il était hors de question que je te laisse mort sans rien faire alors j’ai accepté de les aider. 
 
J’étais dubitatif par rapport à la fin de sa phrase, mais peut-être qu’elle était sincère et qu’elle n’essayait pas de m’amadouer. Néanmoins je décidais de ne pas relever, elle m’avait révélé quelque chose de bien plus intéressant à savoir le plan de mes amis pour me faire revenir parmi les vivants. C’est sur cela que mon attention se fixait maintenant, alors je voulais en savoir plus.
 
-      Un plan quel plan ? 
 
Elle répondit alors :
 
-      Vous cachez dans vos rang une jeune femme blonde avec un pouvoir hors du commun, celui de guérir plus rapidement que n’importe qui, de la moindre blessure.
 
-      Ah Julie ! Coupais-je
 
-      Oui voilà c’est elle. Leur plan était simple, se servir de son pouvoir pour guérir tes blessures en te transplantant son sang tout en pompant ton cœur manuellement pour irriguer tout ton corps et le faire repartir. Mais pour s’assurer que ton corps ne rejette pas ce sang ils voulaient coupler ça avec celui d’un parent. Et évidemment pour cela il n’y avait personne d’autre que moi, c’est pour cela qu’ils m’ont cherché et comme tu peux le constater tu es de retour donc leur plan a marché. 
 

C’était très ingénieux de leur part, vraiment bien pensé. Et j’étais extrêmement touché qu’ils aient fait tout ça pour moi, pour me ramener à la vie au lieu de me laisser mort comme n’importe qui. Je devais avouer que cela me réchauffait le cœur, et même si je ne lui avouerais pas, j’étais également heureux que ma mère fasse partie de ce plan. 
 
-      Je vois… Ils sont vraiment géniaux, je n’aurais pas cru qu’ils tenteraient de me ramener. Et je n’aurais jamais cru que tu serais de la partie, je ne pensais jamais te revoir, alors merci.
 
Elle soupira légèrement avant de me répondre.
 
-      C’était la moindre des chose vu la mère pitoyable que j’ai été et puis je me disais que ça pourrait peut-être entraîner des retrouvailles et que cette fois nous n’aurions pas à nous séparer. 
 
Ses paroles me touchèrent en plein cœur, comme si un couteau de guimauve l’avait transpercé. Cela me faisait mal et en même temps du bien. Mais après tout pourquoi ne pas lui donner sa chance ? Je n’avais plus grand-chose à perdre aujourd’hui, j’ai connu la mort, je suis en fuite et ma cachette a été découverte alors renouer avec ma mère pourrait apporter au moins une chose de positif à ma vie. 
 
J’allais répondre, mais ma mère décida de faire rentrer mes amis. Mina, Samuel, Guillaume, Cole, Julie, Hamza et Nero entrèrent et vinrent m’enlacer chaleureusement sans attendre une seconde de plus.
 
-      Merci de m’avoir ramené les amis, vraiment…
 
Ils ne me répondirent pas, mais ils hochaient la tête et je compris. Cole prit alors la parole :
 
-      Bon, je ne voudrais pas gâcher l’ambiance, mais c’est clairement pas un endroit sécurisé ici. On ne peut pas rester bien longtemps, et il va bien falloir qu’on se trouve un objectif maintenant qu’on ta ramené. Alors Marvin, on fait quoi maintenant ? 
 
C’était une bonne question, différentes options se présentaient à moi mais je devais réfléchir en chef et choisir ce qui était de mieux pour tout le groupe et pas que pour moi. Ce serait ma façon de les remercier.
 
-      C’est compliqué… J’aimerais me venger en tuant Alice et Murphy je l’avoue mais on est clairement pas en mesure d’affronter le Berceau de front et on ne peut pas jouer à cache-cache avec eux pour leur tendre une embuscade, on finira pas se faire avoir comme tous les bataillons qu’on a croisé à l’époque. On ne peut pas retourner sur le territoire d’Akela maintenant qu’on est repérés ou on finira par subir une attaque, même Akela et les siens ne pourront pas rester. Mais je vous avais promis un nouveau départ et un nouveau chez nous alors c’est ce qu’on va se chercher même si je n’ai pas la moindre idée d’où aller, désolé…
 
-      On est vraiment dans la merde… Lâcha Guillaume
 
Un lourd silence s’installa alors, personne ne semblait avoir de solution. Personne ? C’était sans compter sur ma mère qui prit alors la parole :
 
-      Moi j’ai peut-être une idée, je connais un petit groupe de quelques personnes qui ont essayé de fuir la région il y a longtemps maintenant, ils ont traversé l’espèce d’immense Lac qui se trouve à quelques kilomètres du Berceau, à l’orée de la forêt. Jamais personne n’a tenté de les imiter ou de les retrouver. On ne sait pas ce qu’on trouvera là-bas, mais est-ce que ça peut vraiment être pire que ce qui nous attend ici ? Je pense que vous comme moi on a fait le tour de toutes ces conneries de Berceau, peuple du Désert et de la Forêt. Il ne reste rien de bon pour nous ici, pas de maison, pas de réelle aventure et les seuls amis qui nous restent sont ici.
 
J’étais intrigué par ce qu’elle venait de nous annoncer, et en soit elle avait raison. Quand je pensais à la découverte de nouveaux lieux, mon corps était parcouru de frissons, je ressentais de l’excitation. Je pense que j’étais prêt pour ça, du moins mentalement. Trop perdu dans mes pensées, je n’avais pas remarqués qu’ils étaient tous dans l’attente d’une réponse de ma part. Je pris donc la parole, un brin gêné :
 
-      C’est une perspective qui me plairait bien pour nous. Et pour Akela et les siens, je ne les laisserait pas se faire exterminer ici pendant que l’on se sera enfuis. Maman, tu vas nous conduire là-bas et on recommencera tout à 0. Comme je l’avais promis à ceux qui m’ont suivi. Les amis, on part vers un nouveau chez nous.
 
Alors que l’euphorie semblait gagner petit à petit chaque personne dans la pièce, Guillaume vint jeter une pincée de scepticisme dans l’ambiance globale :
 
-      Tout ça c’est bien beau, et ça me donne aussi envie de partir que vous. Mais, comment on peut traverser un lac aussi immense avec les ressources qu’on a à disposition ? Entre nous les le groupe de ta mère on doit être quoi une trentaine ? Rajoute à ça un gorille géant et d’autres animaux. Sans compter que toi Marvin tu reviens de la mort, tu seras faible sur le chemin jusqu’au lac, chemin qui nous rapproche du Berceau !
 
Il marquait un point, néanmoins j’avais quelques petites idées pour nous en sortir. Je repris alors la parole :
 
-      Ne t’en fais pas j’ai quelques petites idées. Regarde ce que Nero et son équipe ont su faire de vieux camions, on arrivera à faire des bateaux. Et au pire on fera plusieurs voyages. Mais si on s’y met tous on peut arriver à construire des trucs qui flottent et des rames. Pour ce qui est de mon état, je resterais près de Julie pour refaire une transplantation au cas où. La première chose à faire c’est d’y croire et d’avoir confiance. 
 
-      Et vous n’êtes pas les seuls à être ingénieux, on a réussi à retaper des buggys que le Berceau avait abandonné, on pourra bricoler des bateaux. Le réel problème ça va être de faire traverser des choses lourdes comme ces buggys justement, car je ne suis pas certaine qu’on réussisse à survivre avec la marche comme seul moyen de transport là-bas. En tout cas sachez qu’on a quelques barques qui pourraient également servir, les vieilleries du Berceau trouvent souvent grâce chez nous. Répondit ma mère. 
 
 
-      On verra ça sur le moment de toute façon. Pour le moment on va se séparer en deux groupes Nero et son groupe avec ma mère et moi, je garde également Guillaume avec moi. Samuel, Mina, Cole je vous confie la mission d’aller chercher Akela, on commencera à se préparer en vous attendant. Je vous donne trois semaines. Avant de partir, demandez à ma mère où nous retrouver, on doit faire au plus vite en tout cas. 
 
Tous s’exécutèrent sans demander leur reste. Le groupe dirigé par Samuel  avait pris nos pick-up et deux buggys offerts par ma mère, cela ne nous laissait que le camion de la Madness Company pour nous déplacer et embarquer du matériel en tout genre. Ma mère nous avaient ramené à son bunker pour que nous puissions nous servir et embarquer tout ce qui nous semblerait utile. 
 
Ma mère et Angel nous montraient ce qu’ils possédaient, Nero et moi décidions de ce qui pourrait être utile, non sans avoir recours à leurs conseils. Julie restait près de moi en cas de rechute tandis qu’Hamza et Emilie dirigeaient les hommes de ma mère pour qu’ils chargent l’un des wagon de notre camion customisé. Nous avions déjà récupéré trois petites barques qui nous seraient fort utile. Pendant notre fouille, je donnais quelques instructions : 
 
-      À mon avis il ne faut pas que l’on se surcharge, surtout si on essaye de faire passer des véhicules, ça va relever de l’impossible sinon. L’idéal serait un stock d’armes et un stock de vivres, dans les armes il nous faudra aussi des couverts et des haches et dans les vivres on ajoutera des choses qui peuvent servir à nos médecins. Dis voir maman, vous n’auriez pas une réserve de pneus à tout hasard ? Même usés ça fera l’affaire, on s’en servira comme flotteurs. Plus on en aura et plus on pourra charger les radeaux que l’on va construire. Il nous faut aussi des cordes, on en a quelques-unes dans le camion, mais pas suffisamment. 
 
 
-      On a quelques cordes et des pneus qu’on avait soit pour changer ceux de nos buggys soit parce qu’ils étaient usés. Il doit y en avoir une vingtaine, venez c’est par là ! Répondis ma mère. 
 
Elle nous montra où étaient entreposés les pneus et les cordes pour que nous puissions les charger. Nous avions également pu faire un petit stock d’armes avec quelques épées et haches de rechange, mais également des flèches et des arcs, ainsi que des couverts. Nous n’avions pas pu prendre toutes les armes à notre disposition, la priorité étant aux pneus et aux vivres. Nous avions pu faire une dizaine de sac de nourritures bien remplis, nous touchions donc au but. Ma mère arriva alors avec des habits qui semblaient chauds ainsi que des peaux de bêtes.
 
-      À mon avis, on risque d’avoir besoin de se réchauffer où l’on va alors on va embarquer ça aussi. Il devrait y en avoir pour tout le monde rassurez-vous, pas question de laisser quelqu’un mourir de froid. 
 
J’acquiesçait et l’aidait à amener tout ça jusqu’au camion. Après une bonne journée de travail, il était temps pour nous de partir, j’étais exténué. Heureusement, une longue route nous attendais je pourrais me reposer. Nous étions une vingtaine et trois animaux à faire le voyage, autant dire que nous étions à l’étroit dans le camion, de nombreux arrêts semblaient à prévoir surtout pour ravitailler le camion, il faudrait tabler sur 2 bonnes semaines de voyages à mon avis. Emilie alluma le moteur et nous entamions notre route dans le désert, la plus longue partie du voyage.
 
-      C’est reparti… Marmonnais-je.